Accès, consultation (consommation)
Aux vues de la multiplicité des sources, Internet pose le problème de leur fiabilité. Comment savoir si une source est fiable ou non. Pour ce, le principe qui fait foie est celui du recoupement d’informations, beaucoup utilisé en intelligence économique et à moindre mesure par les journalistes dignes de ce nom. Cependant, pouvoir recouper les informations nécessite une connaissance aiguë des méthodes de recherche sur Internet, c’est entre autres pour cette raison que dans le primaire on apprend aux enfants à utiliser Internet pour faire des recherches.
D’autre part, si les progrès continus des technologies de l'Internet permettent de mettre en ligne toutes les connaissances de l'humanité, les questions que l'usage de ces techniques pose à l'ensemble du dispositif de production des connaissances (comme à l'ensemble des acteurs de l'enseignement) sont loin d'être résolues. La mise à disposition, dans les organisations scolaires ou universitaires de documents numériques accessibles, n'implique pas l'appropriation des savoirs. C'est seulement dans le cadre de communautés d'interprétation qu'il peut y avoir production et transmission de connaissances. Il convient donc de développer des observations qui engagent les chercheurs dans le pilotage stratégique de l'innovation éducative et de favoriser la mise en œuvre de scénarii d'usages originaux pensés avec les utilisateurs concernés.
Formats et numérisation
L’expérience de l’internaute qui écoute de la musique en ligne (très souvent via le format mp3), n’est pas la même que pour celui qui l’écoute via un vinyle sur un tourne-disque : le son n’est pas le même. Il en va de même, à moindre échelle, pour les CDs. Souvent enregistrer sur plusieurs pistes, les CD sont gravés en haute qualité, leur passage au format mp3 dégrade celle-ci, de nombreux sons ne sont donc plus audibles ou sont déformés par la compression. Cette question est de tout temps au centre des discussions sur les nouveaux media lors de leur apparition : la presse, la télévision, etc. ont subi le même type de critiques. Car tout ceci ne tient qu’à l’interprétation d’une réalité. Les rapports aux connaissances et savoirs changent plus dans le cas où l’internaute considère Internet comme sa seule source d’information. Ses savoirs et ses connaissances seront différents et ce simplement pour une question de format. Il ne se représentera pas les choses de la même manière. Une multiplicité des supports pour une même connaissance ou pour se constituer un savoir, réduit le risque d’une représentation uniquement basée sur celle du modèle dominant d’Internet et réduit ainsi le changement de nos rapports aux connaissances (via la numérisation).
Possibilité pour tous de consulter en réseau
Accessibilité
Internet devient de plus en plus accessible aux personnes handicapées et / ou à mobilité réduite, et facilite ainsi l’accès au savoir et aux connaissances. A ce niveau, l’autonomie de certaines personnes est plus facile à atteindre que dans des lieux sources d’informations publiques tels qu’une bibliothèque ou une administration. Pour an savoir plus à ce sujet : cf. http://access-design.blogspot.com/.
Abolition de l’espace et du temps
De même que pour la diffusion, l’accès aux savoirs / connaissances via Internet est indépendant du lieu et du temps. Cependant, il convient de rappeler que seulement 17 % de la population mondiale est équipée ou peut avoir accès à Internet. Pour les chanceux, Internet a révolutionné leur vie : plus besoin de se rendre en ville pour acheter des livres, des disques, des DVD… « Amazon.com », entre autres, est là et fourni un grand nombre de références internationales en versions originales. En ce sens, l’accès au savoir a été facilité via Internet, pour ceux qui en ont les moyens.
Plus besoin de se rendre à la banque afin de consulter ou de faire des opérations sur son compte, plus besoin d’aller à la poste pour envoyer un message à une amie aux Etats-Unis. L’e-mail est une alternative très utilisée !
De même, le téléchargement de fichiers rend un grand service, que ce soit des plaquettes informatives sur une entreprise, sur une ville, sur un sujet donné, ou de la musique, des vidéos, etc. Aujourd’hui, s’inscrire à l’université, source de connaissances et de savoirs, est bien plus aisé avec la prospection des diplômes sur le web et la possibilité de télécharger le dossier de pré-inscription. Plus besoin de téléphoner durant des heures, parfois même la demande d’inscription se fait directement en ligne. Chercher à s’informer sur un sujet ne nécessite pas forcément de se rendre à la bibliothèque, d’autant que ces dernières sont en cours de numérisation !
Information
Le modèle de recherche d’information
Connaître le fonctionnement des moteurs de recherche, savoir repérer l’organisation d’un site (navigation, architecture) implique une appropriation de ces concepts. Bien que le développement de la navigation et des moteurs aient été pensés par des humains, il n’en reste pas moins que leur logique n’est pas forcément celle de tous. Se l’approprier nécessite donc une remise en question des méthodes utilisées traditionnellement pour rechercher une information. Du coup le modèle de recherche Internet est peut à peut intégrer dans nos cerveaux comme « Le modèle » de recherche d’informations.
La pertinence
Or, on le sait la vraie information (« intell » en anglais et non « data ») se trouve rarement sur Internet. La communication sur Internet est de plus en plus maîtrisée et stratégique, les informations « rares », à forte valeur ajoutée, sont généralement obtenues via des rencontres informelles, des conversations où l’on n’est pas invités mais que l’on entend, des documents confidentiels, etc. qui ne se trouvent pas sur Internet (où qui ne devrait pas être accessible).
Economie de l’immatériel
Dans l’économie de l’immatériel, les consommations sont additives, valorisantes. Elles sont partagées (information, savoir, etc.) : on vend sans en être dépossédé(e) ! Les consommations de l’immatériel tendent également vers le collectif, l’intelligence, le monde de la solidarité… La consommation bonifie, valorise, l’utilisation est partagée.
« Les idées sont des biens qui ne se valorisent qu'en se partageant, et ne s'usent que lorsqu'on ne s'en sert pas et qu'on les empêche de circuler » [A.Y Portnoff, Science et technologie : la révolution de l'intelligence, 1992].
Culture de l’internaute
De plus en plus d'auteurs proposent aujourd'hui de considérer Internet comme une nation à part entière, avec ses propres « habitants », son histoire et ses facteurs culturels (il existe en effet des données socio-démographiques sur la population des internautes). Ainsi, un internaute partagerait des valeurs culturelles lorsqu'il « surfe » sur Internet.
Lorsque nous étudions les manifestations de la culture, il nous faut distinguer les valeurs et les mœurs. Les valeurs sont culturelles et résistantes face aux influences technologiques. Les mœurs sont purement sociales, purement techniques, ou mixtes (« socio-techniques »). La technologie continue d'évoluer mais elle affecte seulement les mœurs et non les valeurs. Les individus utilisent les mêmes programmes informatiques dans différents pays, mais l'utilisation qu'ils en font varie selon la programmation de leurs esprits et non celle de leurs ordinateurs.
Plusieurs auteurs s'intéressent, avec une grande attention, à une possible existence d'un syndrome lié à Internet : le « Trouble de Dépendance à Internet » (Internet Addiction Disorder, IAD). Cette proposition de trouble a été suggérée suite à un incident véridique et inquiétant : une mère de trois enfants âgés de cinq, trois et deux ans, les enfermait à clé dans une salle de jeu pendant qu'elle passait 12 heures en continu sur Internet. D'autres événements de ce style ont déjà été répertoriés. On ne peut alors ignorer l'influence qu'Internet est capable d'imposer. Il existe même des traitements, pour le syndrome de l'IAD, proposés par des thérapeutes, ainsi que des ouvrages traitant du sujet.
Internet en tant que nouvelle technologie d'information, influencerait donc une composante de la culture de l'internaute à savoir les mœurs. Cependant, si l'on se réfère à l'IAD, on peut se demander si l'influence d'Internet ne se limite pas aux mœurs et atteint les valeurs, qui à priori seraient résistantes aux technologies. Aussi, une nouvelle hypothèse peut être posée à ce stade : Internet a dépassé son premier statut de nouvelle technologie de communication pour accéder au statut de nation à part entière véhiculant un système de valeurs culturelles et dans laquelle l'internaute est capable de s'impliquer totalement jusqu'à l'oubli de ses propres valeurs.
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